les articles et tribunes parus dans la presse autour de mon travail

« La confiance en famille est un bien précieux » et « On ne peut pas éviter qu’à l’adolescence ils se sentent trahis »

Deux interview parues dans La Croix du 28/10/09.

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Famille : « La question de l’argent reste taboue »

Article paru dans le quotidien Le Monde du 18 octobre 2009

En amour, on ne compte pas. Vraiment ? Nicole Prieur, psychothérapeute de formation philosophique, pense, au contraire, dans un livre qui vient de paraître, Petits règlements de comptes en famille, que les différends sont inévitables à l’intérieur de la famille, du couple, de la fratrie. Quand l’affectif et l’argent s’emmêlent, les contentieux surgissent.

Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la problématique des règlements de comptes familiaux ?

D’abord, parce qu’elle est très présente dans ma pratique clinique. Mes patients souffrent de contentieux familiaux qui n’ont pas été réglés. Ils peuvent éprouver pendant des années un fort sentiment d’injustice et, dans le même temps, se sentir coupables d’en vouloir à leurs parents, à leur fratrie. Ils restent figés dans une position d’enfant. Tout mon travail consiste à faire en sorte que ces personnes puissent accepter que cette reconnaissance qu’ils estiment ne pas avoir eue n’adviendra pas. C’est ce que j’appelle solder les comptes.
Ensuite, parce que la question de l’argent dans la famille et dans le couple reste taboue. Je reçois des patients pour qui il est plus difficile de parler de la manière dont l’argent est géré dans le couple que de leur sexualité. On est encore soumis à l’idéologie selon laquelle « en amour, on ne compte pas ». Or plus on pose comme antagonistes argent et amour, moins on se donne les moyens de penser l’articulation entre sentiments moraux et intérêts financiers. On mélange tout.

Que risque le couple à ne pas parler d’argent ?

Il risque de s’installer dans un malentendu. La manière dont on pense l’argent dans le couple est très liée à sa famille d’origine. Il faut savoir s’en rendre compte pour s’en affranchir. J’ai reçu une jeune mariée. Elle se disait malheureuse car elle considérait son mari comme mesquin. A bien y regarder, cet homme apparaissait juste attentif aux dépenses. Mais cette jeune femme n’avait pas remis en cause les valeurs transmises par sa famille d’origine.
En cas de séparation, les couples risquent de mélanger logique marchande et règlements de comptes affectifs : « Il ne m’a jamais comprise, il va le payer. » L’argent ne peut pas réparer la souffrance de la séparation. On ne peut pas s’en sortir de cette façon.

En quoi les fêtes de famille sont-elles propices au réveil des contentieux familiaux ?

Les fêtes de famille réveillent en nous les différentes facettes de nos identités : on est à la fois enfant, petite-fille, femme, mère… Toutes ces dimensions sont sollicitées, ce qui crée en nous des conflits de loyauté. Il est très difficile d’harmoniser toutes ces facettes. On ressent une espèce de tumulte, de brouhaha.

Quelle attitude adopter ?

Ce n’est pas tant en parlant avec son père ou sa mère qu’on réglera ses comptes, mais en acceptant l’idée que la reconnaissance n’est pas là où on aurait souhaité qu’elle vienne. Il faut redonner du sens aux manques ressentis, sinon on risque de les subir toute notre vie, reconnaître ce que nos parents nous ont effectivement donné. On se reconstitue ainsi une espèce de filiation psychique positive. On ne se construit pas contre quelqu’un.

Dans cette arithmétique familiale, qu’est-ce qui fonde les liens de la fratrie ?

Les liens fraternels sont très éloignés de l’idéologie de la fraternité. Ils se construisent dans la durée. Il ne suffit pas d’être frères pour être dans le partage. Le frère qui naît, c’est d’abord un gêneur qui nous fait perdre l’exclusivité du regard parental. Cela peut susciter chez l’enfant une angoisse existentielle très forte. Cette peur s’accompagne de désir de destruction d’autant plus difficile à dépasser qu’il génère une lourde culpabilité. Il incombe aux parents d’établir un lien éthique dans la fratrie en posant les limites de ce qui est à l’un et à l’autre. On ne doit pas imposer aux enfants de s’aimer, mais de se respecter.

L’héritage, moment de faire les comptes dans la fratrie, aboutit parfois à des brouilles durables. Que se passe-t-il ?

Les choses dont on hérite ont une autre valeur que leur valeur marchande. Elles sont perçues comme un ultime message post-mortem des parents à chacun de leurs enfants. L’égalité n’a rien à voir là-dedans. Un enfant peut hériter d’un bien de même valeur marchande que celui de son frère et s’estimer lésé. « Tu as hérité de la maison de campagne. Moi de l’appartement à Paris. Cela signifie que tu étais le préféré. »

Les fantasmes destructeurs à l’égard du frère vont resurgir. On va présenter, en quelque sorte, à ses frères et sœurs la facture des dettes qu’on n’a jamais pu solder avec ses parents. L’héritage est ce moment ultime où l’on peut décider d’en finir avec les règlements de comptes, ou, au contraire, choisir de s’enferrer dans ce qu’ils ont de plus sordide, de plus inutile, de plus néfaste.

Propos recueillis par Martine Laronche

Quand on aime, on compte

article paru dans Le Temps, le 28 septembre 2009

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Les transmissions familiales

Article paru dans Famille et éducation en septembre 2009

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L’adolescence

extrait de mon livre Raconte-moi d’où je viens

« Vous avez semé un enfant, vous récoltez une bombe » disait Winnicott aux parents d’adolescents. En effet, bien des pères et des mères déplorent de ne plus retrouver chez leur adolescent leur tendre chérubin.
Révoltés, malheureux, ils nous entraînent inévitablement dans leurs profondes contradictions. L’ambivalence règne en maîtresse des lieux.
Ils ont envie d’être compris, mais si on les comprend trop ils ont le sentiment d’intrusion. Ils veulent se passer de notre amour, mais si on ne les regarde plus, ils s’effondrent. Ils déclarent qu’ils n’ont pas besoin de nous, alors qu’il faudrait être disponible à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Les copains deviennent leur univers, mais ils ont du mal à quitter le nid douillet.

En réalité, quelque chose a réellement explosé à l’intérieur du corps de votre fille ou de votre garçon au moment de sa puberté.
Il ou elle assiste, comme médusé, sidéré, à l’éclosion d’un corps nouveau, étrange qu’il/ elle ne reconnaît pas. Dans cette part la plus intime d’eux-mêmes, il se passe quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas, qui les dépassent, qu’ils ne parviennent pas à identifier.
Non, non ne culpabilisez pas ! Vous leur avez sans doute suffisamment expliqué, anticipé. Ce qu’il se passe là n’est pas de l’ordre du savoir, mais d’une singularité qui s’éprouve elle-même, dans le corps et dans la psyché, dans ce qu’elle a de plus unique.
Une déferlante d’expériences nouvelles et étranges les traversent.
Premières règles, premières éjaculations, premiers désirs troublants, premiers poils, prémisses d’une sexualité adulte alors qu’ils restent dépendants affectivement, financièrement, symboliquement, premiers baisers, premier soutien gorge, première sortie entre copains, entre copines… L’adolescence déborde de « premières fois ».

Le corps devient origine

Au plus profond de l’être, dans un vécu indicible, inquiétant, l’origine se révèle aussi comme une réalité interne et contemporaine.
Elle n’est pas seulement quelque chose d’antérieure et d’extérieure. Elle est là en eux. Ils la vivent en direct, ils en éprouvent les ressorts à même leur chair.
Quelque chose naît en eux, révélant que le processus de la naissance n’est pas seulement lié et réduit à une date. On ne naît pas qu’une fois dans sa vie. En soi, tout au long de son existence des choses peuvent surgir, advenir. « Il n’y a pas de progrès, il y a des naissances successives » disait R. Char. Bob Dylan l’exprimait aussi à sa manière « Qui n’est pas en train de naître est en train de mourir. »

L’origine n’appartient pas seulement au passé

Cette prise de conscience va relativiser les questions de gestation, de procréation.
Ce soubresaut intime va transformer une grande partie de leurs repères. C’est ce qui fait crise en eux. Cette formidable entreprise de mutation, de métamorphose pubertaire entraîne, en effet, une véritable expérience de déliaison, voire un sentiment de déréalité. Ils ne se reconnaissent plus, ils ne savent plus qui ils sont.
Chacun traversera à sa manière cette période, et à des âges différents – 13, 16, 20 ans, voire 30 ou 40 ans. Nul besoin que la crise soit spectaculaire pour que le travail s’effectue. Et quand cela prend des allures de drames ou de tragédies, cela n’augure pas forcément d’un avenir sombre.

Insémination artificielle : comment lui dire ?

Interview dans Elle19/03/2007.

13 000 enfants naissent chaque année en France par fécondation in vitro (FIV). Comment leur expliquer simplement ? Nicole Prieur, philosophe et psychothérapeute d’enfants, y consacre un livre, « Raconte-moi d’où je viens » (éd. Bayard).

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Une mère parfaite, ça n’existe pas !

article paru dans Maman magazine de mars 2007

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Maman Mag - mars 2007

Dix trucs anti-disputes

article paru dans le Figaro Magazine de février 2007

Le Figaro Magazine, février 2007

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Racontez-lui son histoire

article paru dans Femme Actuelle en 2007

Femme Actuelle 2007(cliquer sur l’image pour lire l’article)

Papa, maman, dites-moi d’où je viens ?

article paru dans Famili en 2007

Famili 2007